Colloque International sur l’Entrepreneuriat:Quelles politiques pour promouvoir l’inclusion financière des femmes entrepreneures
au Maghreb et au Sahel : analyse des déterminants
Colloque International sur l’Entrepreneuriat:Quelles politiques pour promouvoir l’inclusion financière des femmes entrepreneures au Maghreb et au Sahel : analyse des déterminants
Nouakchott-Mauritanie
Call for Papers
Argumentaire
En Afrique, l’accès au marché salarial formel est difficile tant pour les hommes que pour les femmes, mais les écarts entre les sexes en matière de formation du capital humain font qu’il est plus difficile pour les femmes d’obtenir un emploi assorti d’un salaire égal à celui des hommes (Ahaibwe, Ssewanyana et Kasirye, 2018). Selon les estimations de l’Organisation internationale du Travail (OIT) pour 2020, il n’y aura que 13 pays africains où plus de la moitié des femmes actives occuperont un emploi salarié, contre 18 pour les hommes (OIT, 2018). Ce résultat est influencé par l’offre de main-d’œuvre instruite. En Afrique, les taux de chômage sont plus élevés chez les femmes, surtout parmi les jeunes. Soutenir la transition des femmes et des jeunes filles vers l’entrepreneuriat, qui est désormais largement considéré comme une stratégie de croissance économique favorable aux pauvres et au bien-être de la société (Kelley, et autres, 2013), apparaît comme le moyen d’intervention le plus réaliste à court et moyen terme (Adoho, et autres, 2014).
Ces femmes entrepreneures qu’elles soient issues du milieu rural ou urbain et ou modeste ont pour la plupart du temps un niveau éducatif faible voire marginale et évoluent on ne le dira pas assez en marge des différentes sphères qui constituent la société d’un pays ou de tout un continent (Desjardins et St-Onge, 2009). Cependant, loin de subir cette exclusion, elles se constituent en réseau et parviennent même à se créer des espaces, et à agir de façon différente, mais cohérente et rationnelle, face à un environnement hostile qu’elles finissent par influencer par des choix et des décisions stratégiques, qu’elles élaborent (Maccaffey 1986 ; De Boodt et Caubergs 1998 ; Charmes 2000 ; Chen 2001 ; Kyaruzi et Hales, 2009).
Pour en venir au cas particulier des femmes d’Afrique subsaharienne, notamment sur le plan économique, il apparaît que ces deux dernières décennies, les femmes ont su transgresser les cadres institués qui ne favorisaient pas toujours le développement de leurs activités, en créant des niches innovantes à travers des initiatives financières (Fonjong et Endeley 2004 ; Lhériau 2015). Les travaux de recherche récemment menés ici et là (Nene Kane, 2017, Ntep 2022,…) ont montré qu’en Afrique, les femmes s‘engageaient majoritairement dans l‘entrepreneuriat par contrainte et donc par nécessité de survie ou faute d’alternative. Cette situation selon certains auteurs est lourde de conséquences, étant donné que l‘entrepreneuriat féminin est considéré par son dynamisme comme un puissant moteur de croissance et de développement économiques, qui renforce non seulement la résilience des économies mais aussi par son effort, crée des emplois et influence les générations futures, contribuant ainsi à la transformation nécessaire à l‘autonomisation économique des femmes en créant des niches innovantes à travers d’initiatives formelles ou pas (Schumpeter J.A., 1945 ; Fall A.S., 2007). Bien que cette propension à évoluer en dehors du circuit économique classique soit complexe, les femmes sont les plus nombreuses à investir dans ce secteur « économique » dit parallèle (Fall A.S., 2003).
La surreprésentation des femmes dans l’entrepreneuriat de nécessité s’explique par les facteurs suivants : les femmes entrepreneures ont un capital financier insuffisant. Cela s’applique à la fois aux femmes qui possèdent et gèrent des entreprises dans les secteurs formel et informel, et aux femmes qui travaillent à leur compte. Le manque de capital financier a des effets négatifs sur l’accumulation de capital physique et sur l’accès aux marchés publics (Nene Kane, 2017 ; Aterido, Beck et Iacovone, 2011 ; Asiedu et autres, 2013 ; Blattman et autres, 2013 ; Blattman, Fiala et Martinez, 2014 ; Brixiova et Kangoye, 2015 ; Demirguc-Kunt, Klapper et Singer, 2013 ; Dupas et Robinson, 2009). La promotion de l’inclusion financière des femmes en Afrique représente en effet un enjeu majeur, en raison de son impact sur l’accumulation d’actifs économiques par les organisations notamment féminines. Faut-il rappeler que l’inclusion financière des femmes a un impact considérable sur le développement, en générant notamment une croissance plus inclusive et plus durable grâce à l’augmentation des investissements productifs et l’accroissement de l’accumulation d’actifs. Nombreuses sont les études qui confirment cette assertion et montrent que les pays disposant de systèmes financiers suffisamment développés, bénéficient d’une croissance de long terme plus élevée que les pays où la profondeur financière est plus faible, en particulier en Asie du Sud-Est par opposition aux pays situés en Afrique subsaharienne.
Ainsi, la discrimination et les attitudes sociales peuvent poser de sérieux problèmes dans la promotion des femmes entrepreneures comme constaté au Nigéria, au Sénégal, au Cameroun et en Bolivie. Bien qu’aucune discrimination directe à l’égard des femmes en ce qui concerne l’admissibilité aux prêts n’ait été notée dans l’une quelconque de ces études, les résultats obtenus en Afrique conduisent à penser qu’il est plus judicieux, dans les interventions visant à améliorer l’accès des femmes au crédit, de s’attaquer aux facteurs sociaux et culturels, plutôt qu’à la discrimination elle-même. En outre, les données disponibles sur l’Éthiopie montrent quasiment des résultats similaires. Ainsi des facteurs tels que la situation matrimoniale, le niveau d’instruction, les connaissances en finances et le type d’activité rendent les femmes chefs d’entreprise sensiblement moins disposées que leurs homologues masculins à prendre des risques.
Qu’en est-il pour le Sahel et le Maghreb ?
Les données existantes ici et là, montrent que le taux d’accès aux services financiers au Sahel et au Maghreb est faible, à la fois pour les hommes et pour les femmes. Dans ce contexte régional, l’accès et l’utilisation des services financiers sont systématiquement plus importants pour les hommes que pour les femmes. Cet écart est plus marqué au Maghreb qu’au Sahel.
De plus, au Sahel comme au Maghreb, les femmes ont mis en place de milliers d’entreprises et établissements tant formels qu’informels avec toutefois selon les statistiques 89% d’informel pour ne pas dire d’entreprise individuelle. Or, ce secteur présente de faibles rendements et revenus, aggravant de ce fait la situation économique de ces dernières. De plus, n’ayant pas de revenus et des biens conséquents, leur permettant de constituer une garantie pour l’obtention de crédits indispensables au financement de leurs entreprises, elles demeurent pour la plupart en situation de pauvreté. Cette question demeure donc une priorité et figure d’ailleurs parmi les moyens pour atteindre près de la moitié des objectifs de développement durable pour les Nations Unies à l‘horizon 2030 et de l‘Agenda 2063 de l‘Union africaine. Ces deux programmes sont également pertinents dans le contexte de l’accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine, qui comporte des dispositions visant à mettre en place des politiques commerciales (ZLECA) tenant compte de la dimension genre, en particulier la question des femmes qui vivent du commerce transfrontalier informel.
Il faut dire aussi que l’ère post COVID-19 ne laisse aux femmes entrepreneures d’autre choix que de restructurer leurs économies pour atteindre la durabilité. Crise de la dette, forte inflation, inégalités, crise de l’emploi comme les conséquences de la pandémie nous offrent l’opportunité de faire, commercer et réfléchir à investir autrement.
D’où l’intérêt de réfléchir sur la nécessité de créer un cadre de discussion afin de débattre des politiques publiques liées à l’amélioration de l’accès des femmes aux services financiers au Sahel et au Maghreb, et de formuler un certain nombre de recommandations stratégiques. La substance de ce colloque de politique générale sera issue des communications et discussions lors du colloque. Cette réflexion se fera lors du colloque que nous allons organiser à Nouakchott, les 02, 03 et 04 février 2023. Les communications qui seront proposées dans ce colloque contribueront à éclairer les questions et les axes ci-dessous (cette liste n’est ni exhaustive ni limitatives) :
- Quel dialogue politique pour répondre aux besoins financiers des femmes au Sahel et au Maghreb ;
- Quelles politiques stratégies pour faire progresser l’inclusion des femmes au Sahel et au Maghreb en période post-Covid 19 ;
- Quels rôles jouent les contextes institutionnels, les structures et les outils d’accompagnement dans l’inclusion financière en période post convid-19 ?
- Quel est le rôle de l’innovation technologique (l’industrie 4.0, internet des objets, les nouveaux médias, etc.) dans l’inclusion financière ?
- Comment les difficultés et les freins pourraient être considérés comme les facteurs moteurs de l’inclusion financière ?
- Quel rôle joue l’instabilité politique dans l’inclusion financière ?
- Quels comportements des banques et les PME en contexte pré, covid et post-covid 19 ?
Présentation des propositions
Les articles scientifiques, conceptuels, empiriques et praticiens qui abordent l’un des axes du colloque sont les bienvenus. Dans un premier temps, nous vous invitons à soumettre votre proposition de communication dans un document d’une page au format Word en français, en anglais ou en arabe, au plus tard le 10 Février 2023.
Votre proposition devra contenir les informations suivantes :
- Un titre (maximum 180 caractères, espaces compris).
- Un résumé (maximum 1500 caractères, espaces compris).
- Nom de l’auteur (e), statut professionnel et coordonnées, principal établissement ou organisme d’attache.
- Liste des auteurs (e)s et co-auteur (e) de la communication.
Tous les résumés de communication seront évalués par un comité scientifique composé de professeurs, chercheurs et professionnels issus d’universités et du monde professionnels. Les auteurs dont le comité scientifique retiendra les soumissions seront invités après le colloque à soumettre un texte complet de 5000 à 10000 mots, en vue de leur publication dans les actes du colloque. Les meilleures communications feront l’objet d’une publication dans un ouvrage collectif sur le même sujet, après un appel à soumission. Les textes complets seront révisés par le même comité scientifique.
A l’instar de la première édition, les meilleurs travaux seront publiés dans un journal scientifique ou dans un ouvrage collectif.
Vous pouvez transmettre vos propositions aux adresses suivantes :
- Pr. Razane CHROQUI : chroqui.razane@uhp.ac.ma;
- Pr. Felix NTEP : ntep_f@yahoo.fr
- Les résumés doivent être présentés en français, en arabe et en anglais.
- Une personne ne peut présenter qu’un résumé à titre d’auteur (e) principal (e).
- Si une proposition est refusée, la décision est sans appel.
- Les auteurs s’engagent à présenter en présentiel ou en distantiel, dès lors que la communication est acceptée et à prévenir rapidement les responsables du colloque en cas de désistement.
Comité d’Honneur
Moctar Fall Mohamedou, Président de l’Université Al Aasriya
Salem Ould Abeidna, Doyen de la Faculté des Sciences Juridiques et Economique -Nouakchott Mauritanie
Abdelkader SABIL, Doyen de la Faculté des Langues, Arts, et Sciences Humaines- Settat Maroc
Comité d’Organisation
Président :
Ismail OULD SADEGH, enseignant chercheur à l’université de Nouakchott
Coordinatrice :
Razane CHROQUI ; Professeure et vice-doyenne à la FLASH, Université Hassan 1er de Settat, Maroc
Comité Programme
- Nene Oumou Deffa KANE, Professeure à l’Université de Nouakchott Al Aasriya, Coordinatrice GREA (Mauritanie) ;
- Kahina HAMACHE, Maitre de conférences chez CREAD, Alger, Algérie ;
- Félix NTEP, Professeur à Gaston Berger, Saint-Louis Sénégal ;
- Abderrahmane SAKOUILI, Docteur en sciences économique, l’Université Hassan 1er de Settat, Maroc.
Comité publication
- Emile Michel Hernandez Professeur agrégé des Universités (France) ;
- Nene Oumou Deffa Kane, Professeure à l’Université de Nouakchott Al Aasriya, Coordinatrice GREA (Mauritanie) ;
- Razane CHROQUI ; Professeure à l’Université Hassan 1er de Settat, Maroc.
Comité d’Organisation Junior
- Abdelouahed Jittou, Hassan First University – Settat (Morocco)
- Hibba Souaadde, Hassan First University – Settat (Morocco)
- Hicham Boustane, Hassan First University – Settat (Morocco)
- Saida Tayoub, Hassan First University – Settat (Morocco)
- Siham Jamil, Hassan First University – Settat (Morocco)
- Tarik Talii, Hassan First University – Settat (Morocco)
- Doctorants
- Etudiants du Master Recherches et Master Econométrie
Scientific Committee
- Emile Michel Hernandez Professeur agrégé des Universités, Président du comité Scientifique ;
- Mokhtar Fall Mouhamedou, Professeur à l’Université de Nouakchott, vice-président de FSJE, Co-président du comité Scientifique ;
- Ismail Ould Sadegh, Professeur émérite à l’Université de Nouakchott ;
- Thierry LEVY-TADJINE, HDR, Maitre de Conférences en Sciences de Gestion, Membre du laboratoire LED (Laboratoire d’Economie Dyonisien), Université Paris 8 -Vincennes – St Denis ;
- Abdelkader SABIL, Doyen de la Faculté des Langues, Arts, et Sciences Humaines- Settat Maroc ;
- Razane CHROQUI, Professere à l’Université Hassan 1er de Settat, Maroc ;
- Abedou Abderrahmane : Directeur général de CREA, Alger, Algerie ;
- Kahina Hamache, Maitre de conférences chez CREAD, Alger, Algerie ;
- Gérard Lemoine, maître de conférence HC en sciences de gestion, ancien directeur de l’Institut de la Francophonie pour l’Entrepreneuriat (2003-2011, AUF), directeur associé cabinet Lemoine Conseil ;
- Felix Ntep, Maitre de Conférences Es-Sciences de gestion à l’Université Gaston Berger ;
- Justin Kamavuakos, Maître de conférences Es-Sciences de gestion à l’Université du Kongo/Congo ;
- Adama Sene, Directeur de Recherches à CESAG –Sénégal ;
- Fabien Tarrit, Maitre de conférences à l’Université de Reims ;
- Imen Mzid, Professeure IHEC, SFAX, Tunisie ;
- Alban Alphonse E.Ahouré, Maître de conférences agrégé en Economie, Université FHB of Cocody, Abidjan-Directeur p.i de la CAPEC ;
- Sunday Khan, économiste et enseignant à l’Université de Yaoundé ;
- Abdallah Ould Awah, professeur à l’Université de Nouakchott ;
- Ba Abou, Professeur à l’Université de Nouakchott ;
- Malika Bendouda, Professeure à l’Université de Tipaza ;
- Sorina Chiper,Alexandru Ioan Cuza University of Iasi, Romania ;
- Abderrahmane SAKOUILI, Docteur en sciences économiques, l’Université Hassan 1er de Settat, Maroc ;
- Ibrahima Touré, Maître des conférences, Mali.
Schedule
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10 février 2023Réception des résumés
-
22 février 2023Retour sur les résumés
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01 mars 2023Retour sur les intentions
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28 mars 2023Réception des versions finales
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07 avril 2023Date limite d’inscription au colloque
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24 avril 2023Date de diffusion du programme du colloque
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2 et 3 mai 2023Date de début du colloque